JE VOIS, JE ME SOUVIENS
De Québec à Sept Iles, ces villes
Sur la route du fleuve, ses effluves
J’ai perdu le mince fil, de verdure,
J'ai perdu la taïga de Terre Neuve.
Le long de la 138 je vois des yeux
Je ressens leur groove en moi
Il me berce chaise longue molle
Ça déride les lèves, les guibolles.
Monochromie des Amériques
Lacs, clôtures, fissures dans l'anglais
Décrépitude d'un mixe de langues
Bleu sont les anges d'ici, en sourire.
Je voyage à travers une vaste région
Les nuages errent à travers les champs,
Les forêts, les plaines en écoutant le vent
Qui leur murmure : «Québec, tel est mon nom»
Écoutez mon histoire, j ai connu les plus grands,
De Henry 4, roi de France, qui me baptisa,
A tous les enfants-rois qui, m'ont fait rêvés
Mes Églises sont restées l'esprit d'un peuple.
Grâce à Cartier, français, je suis devenue,
Tous, nobles, ma terres ont voulu posséder,
Les siècles passèrent et lors de temps confus,
Mon sol fut par le sang de tant d'hommes, souillé.
Le poète enfant qui est devenu maudit
L'homme qui par sa langue a défié l'anglais
Le hockey qui sait faire vibrer ma glace
Ma terre tel un sein leurs esprits a nourri...
Liqueur exquise, mes arbres donnent naissance,
Vin brun et doré présent sur toute cette terre
Voilà ce que mon nom évoque maintenant.
D'hier d'art et de lettres «Je me souviens»
Pour l'entendre, fermez les yeux et patience…
Mon nom volera cerf-volant de lysé en votre esprit.
Redonnant à Montréal enfin son vrai français,
Son bleu de lysé enfin libéré et respecté.
Philippe Brasseur
Février 2104